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SOPHIE et GERALDINE Assistantes Maternelles Agréées à Soisy-sous-Montmorency (95)
3 mai 2012

Gérer le groupe classe

Putain c'est dur.

Je ressors de cette nouvelle journée épuisée, rincée, vidée.

10 mns de pause pour déjeuner entre midi et deux. 8H30 de travail intensif. Ne rien lâcher. A aucun moment.

Ca ne s'est pas si mal passer concrètement. Pourtant à 16H30, à peine arrivée dans ma voiture, j'ai eu besoin de pleurer pour décharger pendant 20 mns.

C'est épuisant. Physiquement et moralement. Pourtant à mi-temps. Comment je vais tenir la longueur?

Quelle perte de temps en classe, quelle perte d'énergie.

Quand on fait des trucs sympas et que ça part en cacahuete. Quand on fait des trucs archi conventionnels et que d'un coup le calme revient (genre gratter une leçon, faire des exercices en solo. Là ils savent faire) Quand on chante une chanson, qu'il y a la guitare, qu'ils sont super enthousiastes mais qu'il n'y a aucune cohésion. Deux ou trois qui font leur one man show, 4 ou 5 qui se mettent à parler tout haut parce que ca leur fait penser que blablabla..., 2 ou 3 qui râlent parce que les autres font trop de bruit... Et la majorité qui essaient de chanter et qui en redemande. Quand je lance un travail de recherche avec les Solides à manipuler et que ça ne rend RIEN. Que le seul moment où ils reconnectent c'est quand il faut écrire a leçon. 

Quand il faut 1H30 pour aborder une notion qui serait bien plus complete et attractive en 2 clics et 10 mns sur internet. Genre Sciences: les volcans!

Mon esprit critique ne me laisse aucun répit. A quoi ça sert tout ça? Aujourd'hui? Dans cette société? Pourquoi user de tant d'énergie pour surmonter cet ennui de l'école qui les dévore, qui ne les quitte pas. Cette idée que pour exister, pour être respecté, il faut perturber, il faut se faire remarquer.

Je sens au fond de moi que le rôle de l'enseignant n'est plus tant d'apprendre aux élèves que de leur apprendre à apprendre.

Là dessus, c'est le désert complet:  apprendre à rechercher, apprendre à persévérer, à croiser les informations, à rédiger, à exprimer, apprendre à travailler en groupe, à regrouper les idées, à s'entraider. Apprendre à partager.

Surtout dans les matières dites secondaires. Quand je galère pendant plusieurs séances de une heure à pondre avec les élèves un truc médiocre, je me dis, pourquoi ne pas passer un "C'est pas Sorcier"? C'est mieux dit, c'est complet, c'est interactif.... Et ça les accroche.

Mon rôle à moi, il est ailleurs. Le tout c'est d'arriver à le mettre en place... et ce n'est pas facile . .Je ne trouve pas encore.

Et c'est éprouvant aussi de gérer les disputes, les conflits, les prises de parole intempestives... 24 personnes qui veulent exister en tant qu'individu... (non j'exagère, une dizaine seulement qui ont terriblement besoin d'exister en tant qu'individu.). Et mon but à moi, c'est de fonctionner en tant que groupe... va falloir cogiter et trouver une harmonie sans les éteindre.

Je me dis que dans un premier temps, le plus important c'est de placer mes élèves "perturbateurs" en situation d'apprentissage. Leur donner un nouveau rôle puisque le rôle d'élève traditionnel ne leur convient pas du tout. Par exemple quand je prépare un cours, anticiper ce que je vais demander précisément à ces élèves-là. Sinon ce n'est qu'une lutte de pouvoir sans fin: "je veux que tu reste assis, que tu ne prennes pas la parole tout le temps, que tu ne te lèves pas"... alors que eux ne savent pas tenir ce rôle -là. Je ne veux pas juste les contraindre, les soumettre. Je veux me servir de ce qu'ils ont à apporter au groupe classe. Et ce qu'ils ont à apporter est ailleurs.

Il faut que je creuse de ce côté-là. 

Me voilà maintenant assise derrière mon bureau à réflechir et à écrire et il y a des tas d'idées qui me viennent, des tas d'envies. Mon esprit se met en marche en quête de solutions, de créativité. C'est incroyable.

Il y a une heure à peine je ne voyais aucune issue. Je me disais juste que je ne tiendrai jamais. Que ce n'est absolument pas fait pour moi. Je reste lucide, je sais que ca va etre difficile. Mais l'envie est revenue. 

C'est dingue. Bon ben yapluka...

Je retourne aux miens d'enfants, parce qu'ils ne se contentent pas de me laisser écrire derriere mon ordi, ils veulent que je sois VRAIMENT avec eux :) bah oui normal après une journée sans les voir!!!!

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Commentaires
C
Le problème c'est que l'école tue la créativité qui bouillonne en chacun des enfants. Je me souviens d'une conférence d'une pédagogue en danse qui disait que l'énergie de chaque gamin devait pouvoir se transformer en énergie positive et créative. je suis sûre que tu vas trouver des tas d'idées. As-tu du soutien de la part de ton équipe enseignante ? partages-tu avec eux sur tes pratiques et ta vision de l'école ? bon courage.
K
Pfiou, j'aimerai pas être à ta place ^^ J'aurai nettement ni le courage ni la patience ! Et sinon, petite suggestion comme ça que tu as déjà du te dire : peut-être que les quelques 10 "perturbateurs" devraient être amener à réfléchir pourquoi ils ont un besoin systématique de se lever et d'attirer l'attention par rapport aux autres ? Pourquoi tel élève a besoin de se lever et de perturber les autres ? Y a t-il une source de cette impulsivité, ou non ? Je me dis que si tu trouves cette source, peut-être sauras-tu utiliser à bon escient cette énergie. Enfin, des questionnements de novice ^^
M
....tu tiens le secret entre tes mains: "Apprendre à apprendre" vaste programme et tellement important de nos jours. Tous mes voeux de réussite dans ta démarche courageuse et ton engagement dans cette noble tâche qui demande tellement d'investissement personnel et qui nous pompe tant d'énergie ! Courage
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